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-> Les Cévennes de demain |
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Le maintien de l'identité passe par le maintien de l'activité. |
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Aborder le sujet du foncier en Cévennes équivaut systématiquement à évoquer le passé historique, vecteur culturel et identitaire. On fait référence au glorieux passé du châtaignier, au dur labeur du travail de la terre ou au soin porté à l’entretien des sols et des bancels,. Or il faut bien voir que la tradition apparaît généralement comme un « argumentaire » développé par les hommes du présent (donc sur la base de critères rigoureusement contemporains) pour justifier une forme de « résistance au changement » et expliquer le désengagement des propriétaires vis à vis du foncier. « Dès lors qu’il n’est plus possible de maintenir certaines formes traditionnelles d’usage de la terre, aucune autre perspective ne peut être honnêtement envisageable » C’est sur la notion de « travail de la terre » que s’appuie l’argumentaire sur la tradition. Bien que chacun soit conscient de l’impossibilité de reproduire les mode de production d’autrefois, le travail de la terre est énoncé comme un gage de cévenolité et apparaît comme une condition sine qua non d’accessibilité au foncier. « Travailler la terre cévenole, c’est l’aimer, c’est aimer son pays et ses gens. Et cela ne s’improvise pas, ça s’apprend ». Ainsi, l’identité cévenole est le résultat du travail de femmes et d’hommes attachés à leurs terres. Elle est intimement liée à la notion de patrimoine, c'est-à-dire à ce qui nous a été transmis par nos parents. Ils nous ont transmis une culture et une agri - culture, des savoir-faire, une tradition, mais aussi des paysages. Tout cela construit l’identité d’un territoire, mais on aurait trop souvent tendance à penser ou à admettre que la tradition est synonyme de fixité et d’inertie.
Or le terme de tradition fait référence à la transmission active et à une lecture sélective du passé. Une sélection est toujours opérée dans ce que l'on choisit de garder ou d’abandonner dans l’évolution d'une culture, et d’une identité. Dans l’évolution normale, la tradition est donc marquée par une nécessaire créativité, et une certaine innovation. On y voit donc à la fois une fidélité au passé, en même temps qu’une ouverture sur les mouvements et les réalités du présent.
Ces nouveaux venus ont appris à faire du fromage dans le cadre de stages et c’est la technique de fabrication à partir du « caillé lactique » qui leur été enseignée, technique moins délicate à mettre en oeuvre que le traditionnel « caillé présure ».
On voit comment une production à forte connotation identitaire a été supplantée par une nouvelle. Mais cinquante ans plus tard l’oignon doux des Cévennes est devenu à son tour un élément culturel et identitaire du pays. Notons aussi que l’oignon doux (identité cévenole récente) est souvent complémentaire d’une activité d’élevage dont la cévenolité est bien plus ancienne. Dans un autre contexte, les bisons en Margeride, qui n’ont à l’origine rien de lozérien, sont pourtant devenus en l’espace de quelques années un logo pour le département, notamment dans la promotion touristique.
Le châtaignier dans les Cévennes est un élément majeur dans la constitution du paysage. Les Cévennes ne seraient pas vraiment les Cévennes sans lui, l’ arbre ami sans lequel les montagnards n'auraient pu survivre pendant les nombreuses tragédies jalonnant l'histoire du pays. Il appartient au territoire et contribue fortement à son identité et à l’image que les habitants et visiteurs en ont. Le patrimoine bâti (murette, terrasses en pierres sèches, clèdes ou sécadous), indissociable de la châtaigneraie est en péril lors de l’abandon des vergers. De ce fait, le maintien de la châtaigneraie est synonyme du maintien d’un patrimoine et de savoir - faire. Il n’est plus aujourd’hui le support incontournable de l’économie locale mais de jeunes producteurs l’ont remis à l'honneur et développent des activités qui permettent de préserver les châtaigneraies et contribuent ainsi à la préservation de l’identité cévenole. D’autre part, l’entretien des châtaigneraies est un moyen efficace de prévention contre les incendies et participe alors activement à la gestion de l'espace. (voir fiche expérience : Daniel Mathieu, mais aussi ce dossier sur la Castanéiculture et les enjeux locaux de cette production.
Oui travailler la terre c’est l’aimer ! Mais aujourd’hui on ne travaille plus comme avant, les techniques ont évolué. Et cela ne signifie pas qu’on aime moins la terre et les cévennes. Si le maintien de l’identité passe par le maintien d’un paysage, ou de la châtaigneraie, alors le maintien de l’identité passe par le maintien d’une activité agricole. Vous pouvez lire à ce sujet l'expérience de madame Anne Benon . Comment valoriser l’identité ?Les productions et les spécificités locales font désormais partie de la carte de visite d’un territoire. Les usages, savoirs et savoir-faire locaux font de plus en plus souvent l’objet d’études scientifiques et d’inventaires (ethnobotanique par exemple sur l’usage des plantes) et on observe même dans un contexte de globalisation de l’économie, un regain d’intérêt pour le local. Parmi l’ensemble des ressources locales disponibles certaines seront valorisées, parce qu’on leur aura reconnu une valeur patrimoniale
Parfois aussi se présente l’opportunité de protéger formellement les savoir-faire et productions locales par le biais de labels, d’Appellation d’Origine Contrôlée, etc. La dimension identitaire et culturelle de ces productions prend alors une valeur marchande, et apporte une plue value pour le territoire. Cette forme d’agriculture patrimoniale qui valorise les pratiques locales commence à voir ses efforts récompensés. En témoigne l’attrait croissant qui est porté aux produits estampillés « territoire », la recherche de spécificités gustatives, l’essore de l’agrotourisme.
Le Parc national des Cévennes et plusieurs agriculteurs ont relancé la filière du "Boeuf de Pâques", pour offrir au consommateur un produit authentique et de haute qualité, issu d'une tradition ancestrale.
Le PNC propose également en étroite collaboration avec des éleveurs et des distributeurs
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Un lien évident apparaît entre paysage - identité – tourisme. On sait que le tourisme peut avoir un impact dévastateur sur l’identité culturelle et la nature du pays dans lequel il s'implante de façon massive et agressive. Heureusement, les Cévennes ont été préservées du tourisme de masse en raison notamment de la présence du Parc National et du relatif isolement. Ici le tourisme est un révélateur de l’identité locale, des richesses naturelles et culturelles. |
En effet, la motivation première des touristes qui viennent en Cévennes, est le cadre naturel, les espaces préservés et authentiques.
Le tourisme, est non seulement un facteur important de développement économique - notamment dans les régions isolées - mais aussi un instrument puissant de conservation du milieu naturel lorsqu'il est correctement planifié, développé et géré. Lorsque c’est le cas on parle d’écotourisme, (lien avec charte de l’écotourisme) qui est une manière de voyager privilégiant l’échange, la rencontre de l'autre, la compréhension et le respect de son mode de vie, avec le souci constant de perturber le moins possible le système écologique social et économique local. Tout le contraire du tourisme mondial qui se développe actuellement…
On voit que la culture et la nature sont les piliers fondamentaux de cette forme de tourisme. L’identité locale et le tourisme peuvent donc se soutenir l’un l’autre. Le patrimoine local permet de développer le tourisme qui favorisera la promotion et la conservation de la culture.
L’activité touristique pour se développer a besoin à la fois d’un environnement de qualité et d’une identité culturelle. Elle est sous la dépendance d’un environnement de qualité, et par conséquent le tourisme a lui-même intérêt à le sauvegarder. La sauvegarde et le développement de l'activité agricole sont primordiaux pour l'avenir du pays, en effet, sans entretien, il deviendrait vite friche et n'aurait alors plus d'espoir de développement touristique
Le Festival Nature du Parc National ne révèle-t-il pas les richesses naturelles et culturelles de l’identité cévenole ? Le festival actualise la mémoire du pays, en révélant le territoire à lui-même.