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Les Cévennes ont évolué, en même temps que l'agriculture.

 

Les Cévennes vivent aujourd’hui un écart important par rapport aux traditions d’il y a une cinquantaine d’années. Cela est du en partie à l’exode rural qu’elles ont connu après la seconde guerre mondiale, mais aussi à l’arrivée des « néo-ruraux ». Il est vrai  Au début du XXe siécle, la société cévenole s'effondre : crise de la soie, de la châtaigne, de l'industrie minière, deux guerres, l'exode des quatre cinquièmes de la population menacent directement une nature et des paysages profondément transformés par l'homme.

En Cévennes lozériennes notamment, l'espace agricole aménagé entoure les hameaux, souvent à mi-pente, proche de sources et points d'eau. Les prairies occupent les rares replats et fonds de vallée. Façonnés en terrasses, les versants étaient traditionnellement voués à la culture du châtaignier. Progressivement délaissée au cours du XXème siècle, la châtaigneraie à fruits et à bois fait aujourd'hui l'objet d'un regain d'intérêt, accompagné d'actions localisées. Récemment fut développé l'élevage caprin, pour la production fromagère, parfois associé à l'élevage ovin, voire diverses productions marginales (petits fruits, oignon, plantes médicinales, apiculture, canard gras, volailles…).

Afin de préserver et de promouvoir un patrimoine culturel et naturel, un recours à la solidarité nationale est nécessaire : C’est dans ce contexte que sera crée le  Parc national des Cévennes qui donne un élan et l'expansion constante du tourisme apportent une nouvelle dynamique.. Aujourd'hui la population rurale est partiellement stabilisée, grâce à la diversification des activités.

On relève, avec ces nouveaux agriculteurs une tendance à mettre en commun les productions et les outils de production, à travers des formules de vente collective du type « terroir Cévennes » . En un mot, c’est la fin du maquignonnage qui apportait peu de valeur ajoutée et mettait le producteur face à un seul interlocuteur, et donc une source de revenus fragilisée. 

Un décalage par rapport à la politique agricole commune

La plupart des activités agricoles cévenoles sont sous tendues par l’adaptation aux contraintes topographiques, ce qui suppose notamment une mécanisation adaptée, et à l’éloignement.  

Aujourd’hui, l’agriculture cévenole repose sur deux grands types de système : un qui est plus particulièrement basé sur l’optimisation, et qui repose sur de petites unités et des produits à  forte valeur ajoutée. L’autre, sur une conduite utilisatrice d’espace en ovins et quelques élevages ovins, bovins et caprins.

Dans les deux cas, les techniciens agricoles mettent en avant la nécessité d’être « bon techniquement et bon commercialement. » Mais le territoire cévenol a cette particularité qu’ont les territoires confrontés à des forts handicaps naturels, ils est particulièrement créatif et inventif.

La conduite extensive sur de grandes surfaces

Ces systèmes, les plus souvent économes en intrants et basés sur la pâturage, valorisent la majorité des surfaces agricoles locales et maintiennent les milieux ouverts, en particulier en zone de crêtes et les sous bois. Les enjeux y sont importants, aussi bien au niveau du paysage que du tourisme, de la protection de l’environnement et de la prévention des risques naturels) 

Les installations dans les franges classiques de l’installation agricole restent cependant d’actualité puisqu’on a relevé l’an passé sur le Gard Cévenol trois installations en ovin sur des surfaces allant de 30 à 80 ha maîtrisées, soit 1/3 de la surface totale disponible, les deux autres tiers n’étant pas maîtrisés mais utilisables. On relève cependant dans ces cas de figure une certaine fragilité due au fait  que les agriculteurs en question disposent de foncier au travers d’accords oraux non formalisés. Les techniciens agricoles mettent cependant en avant une « réelle plus-value locale apportée par ces installations »qui ont impact positif considérable sur l’environnement . A titre d’exemple, 300 brebis représentent 300 hectares pâturés…

Les filières économiques classiques subsistent

Les filières économiques classiques restent présentes sur le secteur cévenol à travers des coopératives, telles la COPEL, la coopérative laitière de Moissac,  la coopérative castanéicole des Cévennes, la coopérative « Origine Cévennes »   mais paradoxalement reste la vente directe qui fait vivre plus de la moitié des structures

Parallèlement, on relève dans les Cévennes lozériennes des surfaces importantes non gérées et on manque cependant de surfaces accessibles aux porteurs de projets en élevage (ovins caprins). Il y a plusieurs candidats en ce moment, mais ces installations demandent un engagement financier très fort, et cela requiert une’ sécurité minimum sur une surface significative.

Peu de foncier disponible

En Lozère comme dans le Gard, les professionnels mettent en avant un problème important au niveau du foncier disponible. Des installations peuvent pourtant se faire sur de toutes petites surfaces, mais là aussi on a des difficultés à en disposer et il faudra faire preuve d’une grande faculté d’innovation. L’exploration de la piste du foncier collectif au travers de communaux et de sectionnaux, notamment en Lozère, pourrait être un début de solution, même s’il existe peu de surfaces de ce type en cévennes.

Certains types d’installation ne sont pas possibles en dessous de certains seuils car il y a des coûts fixes. C’est le cas notamment des caprins fromagers qui ont besoin d’une fromagerie agréée.

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L'importance des circuits courts

Plus de la moitié des exploitations sont en circuits courts, y compris en caprins qui sont plus consommateurs de surfaces. On trouve du maraîchage, du caprin fromager et tous les systèmes orientés vers la vente. Sur les dix dernières années, on a vu se développer la culture de plantes médicinales. (biotop). Il semble que l’on relève un recul certain dans le Gard, même si la demande d’installation reste forte en Lozère. 

Sur la zone gardoise du Mont Brion(3 cantons, 20 communes)  par exemple, 55 % des exploitations ont une commercialisation majoritairement orientée vers la vente directe. 44 % des exploitations transforment tout ou partie de leur production, et 20 % des exploitations pratiquent l’accueil à la ferme. Ces nouvelles filières sont fragiles, leur durée de vie est courte et il faut tout le temps innover. Ces systèmes sont souvent limités par des contraintes extérieures multiples. On soulignera parmi d’autres :

  • des difficultés d’accès au foncier

  • une faible possibilité de mécanisation

  • un accès à l’eau limité

  • de faibles capacités de financement des porteurs de projet.

 On rencontre des supports collectifs qui fonctionnent bien :  l’oignon doux, la pomme reinette du Vigan, la châtaigne ou le pélardon. Les producteurs vendent aussi sur les marchés des produits frais, bruts et transformés. Il existe quelques transformateurs de chevreaux, et peu de volailles (deux cotisants solidaires sur Saint jean du gard) . La filière se développe un peu plus en Lozère. 

On trouve dans des niches d’activités nouvelles des entreprises agricoles qui se développement (oignons doux) mais aussi deux pépiniéristes à saint Jean du Gard et un producteur de pleurotes à Lasalle. Les producteurs se regroupent pour faciliter au mieux la commercialisation, au sein de structures collectives   telles producteurs des Cévennes, Terroir Cévennes, la SARL Fariborne, à Pied de Borne, la SARL Verfeuille à Saint-Andéol de Clerguemont et  au travers de marchés de producteurs tels que les « samedis paysans ». Vous pouvez lire les fiches expériences de Daniel Mathieu, créateur de l'atelier Verfeuille, mais aussi Christian Plagnes qui pratique la vente directe. 

La société coopérative « origines Cévennes » est  reconnue en qualité d'organisation de producteurs dans la catégorie des fruits et légumes, dans la circonscription du Sud-Est, à compter du 1er janvier 2005 par arrêté du ministre de l’agriculture. 

Des choix de vie

Globalement, les qui sont en Cévennes, et qui exploitent la terre, ont majoritairement choisi d’y être. Venant d’un milieu urbain qu’ils ont fui un premier temps pour s’isoler, les « néo-ruraux » sont petit à petit revenus sur du collectif de « haut de gamme ». Les cévenols d’origine qui ont fait le choix de ne pas migrer et de rester sur la terre de leurs parents ont adopté eux aussi ces pratiques.

Des enjeux territoriaux

Au niveau de l’emploi

Avant tout, un agriculteur qui s’installe crée souvent  directement son  emploi. De plus, au travers de regroupements de type services de remplacement, magasins ou points de ventes collectifs, il participe à la création directe de quelques emplis. Bien sur la présence d’agriculteurs sur un territoire contribue au maintien, et parfois au développement de l’activité, des services publics, et du tissu économique dans les hameaux.

Au niveau du développement touristique

L’agriculteur, par son activité, crée le cadre attractif qui permet le maintien, et le développement de cette activité tant en jouant la carte du produit de qualité du terroir qu’en conservant le milieu naturel ouvert.

Au niveau paysager

Terrasses, châtaignerais, drailles sont constitutives de l’identité cévenole et de  son attractivité paysagère. Les agriculteurs contribuent massivement au maintien de cette identité, voire à sa reconquête.

Au niveau de la demande sociale

Pour la qualité de ses productions, sa spécificité et sa forte proportion d’agriculteurs biologiques , le monde cévenol répond à la demande sociale et aux attentes d’une Europe  qui met en avant le respect de la qualité et la préservation du milieu.

Au niveau des valeurs dans leur ensemble

Les Cévennes bénéficient d’une bonne image dans leur ensemble : Territoire préservée, productions de qualité, agriculture paysanne, traditions, organisation sociale …Un élément à prendre en compte est le niveau de convergence entre les valeurs que sous-tendent une image et sa promotion et les valeurs recherchées par les consommateurs. Notamment, les valeurs projetées par l’image doivent pouvoir rassurer les consommateurs sur les qualités spécifiques des produits locaux. Les éléments permettant l’identification des produits, de leurs différences qualitatives, sont ainsi une composante indispensable de l’image. Plus encore que la convergence de valeurs, ce sont les moyens dont les acteurs locaux disposent pour assurer cette convergence qui jouent un rôle à long terme

Des contraintes

Il est difficile d’accéder à l’eau...

Le climat estival est rude et impose d’irriguer la plupart des cultures, l’eau est présente sous forme de veines d’eau assez superficielles et son accès est très réglementé.

Il est difficile d’accéder au foncier...

Beaucoup de terres sont à l’abandon, livrées à la broussaille et à la foret. Et pourtant l’accès au foncier pour les candidats à l’installation, voire à l’agrandissement, est très difficile.

  • Les prix explosent sous la pression de la demande touristique d’une clientèle fortunée en quête d’une résidence secondaire qui, en fait, effacera le siège de l’exploitation

  • Il est aussi difficile d’accéder à la location, les terres sont difficiles à louer et leurs propriétaires refusent de s’engager par contrat.

Il y a une forte concurrence du bâti...

La forte demande de terrains plats et à  proximité des axes de communication menace des terrains agricoles . Les anciens construisaient  sur les versants pour conserver les fonds de vallée fertiles…. 

Les coûts de mise au norme sont considérables

Si la transformation est un des grands atouts de l’agriculture cévenole, l’évolution constante des normes sanitaires implique la réalisation d’investissements de plus en plus importants qui, au mieux freinent l’installation, et au pire entraînent la fermeture de structures existantes.

Quelques exemples, parmi d'autres..

 A Saint Hilaire de Lavit  une intervention combinée de la SAFER et de la mairie a permis de trouver une solution pour permettre une installation en mobilisant du foncier. Lire la suite...

A Soudorgues (30), un nombre important d'installations a permis de faire revivre le village. Il y eu un investissement politique très important pour arriver à ce résultat. Lire la suite ...

A saint Germain de Calberte, la ferme de Lanziole transforme des lapins et élève des vers à soie. Lire la suite...

D'autres exemples sont disponibles en cliquant sur ce lien.

Ces pages ont fait l'objet d'une relecture par Anne-Laure Monniot de la chambre d'agriculture du Gard, et Pascal Fourcault, de la chambre d'agriculture de la Lozère. 

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